jeudi 1 janvier 2009

Carnet de route 1.09



Il fait froid, brume blanche mêlée de gris. Givre. Le village est désert. Une voiture passe, du bruit déversé par un autoradio l'emplit. Le bistro de la gare ouvre. Des fêtards en sortent. L'un d'eux semble accueillir les entrants à coups de trompe sonore. Passé sa nuit à boire. Me souhaite la bonne année quand je passe à sa hauteur. Lui renvoie son voeu car outre qu'il soit aimable cet inconnu ne me le devait en rien. Le ruisseau coule à hauteur du moulin dans un bruit de glace rompue d'après nuit. Fume ma première pipe de l'année. Quarante-six ans ! ML et les filles dorment dans la maison, rien de plus important. Boulangerie les gens préparent l'après réveillon "Aujourd'hui il va falloir assumer la baraque est pleine" dit mon voisin de baguette à l'une de ses connaissance. A mon retour le souffleur de corne est encore là le café se remplit de ses premiers turfistes buveurs de bière, la chance est invitée. Projet du jour lire si possible le Holmes Tome2 de Cecile et Brumvick ; envoyer une nouvelle à une revue histoire de commencer l'an avec l'écriture, par fidélité en quelque sorte. A plus long terme (sur l'année peut-être) reprendre "Comme une image" poursuivre et achever si possible "Antoine Guerges"... Achever les poèmes du "Bestiaire Improbable" et finaliser le travail entrepris avec JAG -Attente : la décision définitive de Y.L. concernant le "Voyage d'Eugenio Pazzo". Ce qui fait somme toute pas mal de petite chose ... Cet après-midi retravaillé "La Place" puis je l'ai adressé à la revue Les Moments Littéraires , première bouteille à la mer de 2009


02 - Cette nuit H malade. Ce matin fatigué heureusement matinée calme, je travaille à un continuité dans mon échange avec Jean-Albert, hors ouvrage. Une façon avant tout d'essayer de dire, de me dire le pourquoi de ce compagnonnage avec l'écriture, mon écriture depuis plus de 25 années sans doute cela n'intéresse-t-il que moi mais qu'importe . Ce midi N. devait partir pour Rennes finalement départ remis à demain, en cause les indications données à la gare routière du Havre. Je suis heureux de cette prolongation de séjour. Cet après-midi j'entreprends de prolonger l'échange entreprit avec Jean-Albert. Je reproduis ici in extenso la teneur de mon courrier
Mon cher Jean-Albert un livre achevé n'est pas le terme du discutio qui le généra, car rien jamais dans la parole ne trouve son terme, la certitude étant le commencement de l'ignorance. Ainsi dont je t'adresse ces quelques lignes comme une invitation à poursuivre hors In Quarto notre palabre. Car il s'agit bien de cela, d'une conversation de dilettante sur la « coutume poétique » telle que nous la percevons. Il y a quelque chose d'oiseux et de ludique dans mon propos, du moins le voudrais-je ainsi . Quelque chose de la conversation au pied de l'arbre communautaire, de l'arbre qui fait centre au village comme le mot le fait au poème qui lui-même contribue à étendre l'imaginaire de l'individu et de la société qui est la sienne. La poème, je ne dis pas « l'Art poétique » qui est une notion très occidentale, est présent à centre de toutes les cultures quel que soit leurs fondements religieux, politiques . Si l'écriture est une invention sociale la poésie à n'en pas douter existait avant toute chose . Etat de nature en somme, elle n'a jamais besoin de justification pour être, il y a en elle une extravagance originelle. Je veux dire qu'on ne la débusque que dans la notion du Hors, de ce qui outre passe, un peu comme si l'écrivain n'écrivait que dans les marges d'une feuille normalisée, codifiée du roman (classique) par exemple. Ce là, l'une des utilités du poète : tirer l'écriture et de ce fait la Littérature hors. L'émanciper. Lui faire prendre un bol d'air loin des encres convenues. Le poète ce hors-la-loi du genre et du verbe n'est cependant pas là pour tout sauver comme l'affirmait Jean Follain. Il vivifie en ouvrant la fenêtre de paroles dans la mesure où l'air n'est pas vicié . Son extravagance s'arrête à l'instant précis où la topographie de la langue perd de sa liberté. Une sclérose le guette alors, l'une des plus terrible et des plus tenace, celle qui lui laisse à penser qu'il est, et plus encore demeurera aux yeux de ceux qu'il nomme ses pairs et plus encore à son propre regard: Poète. C'est l'incertitude qui fait la poésie, le tremblement qui donne naissance au poème et au poète voilà ce que je crois. Souvent je repense à Michaux corrigeant ses écrits jusqu'après leurs publications, annotant ou biffant des livres dans les rayonnages même des librairies. Voici par excellence un acte de poésie parce qu'il est d'incertitude. La poésie réside plus dans le manuscrit (tapuscrit ou ordinascrit) toujours repris, recommencé que dans l'acte fini du livre livré au regard du lecteur lamda. Déjà alors une déperdition est à l'oeuvre. Une perte de la parole, les mots ayant des valeurs variables selon qui les utilise, les prononce puisqu'ils sont connotés par le vécu, l'imaginaire de qui les prononce, les lit, que double un dévouement du sens. Tu évoques dans ton courrier « Les fusillés de Chateaubriant »* il me semble que c'est un exemple, quand René-Guy Cadou écrit : " Ils sont appuyés contre le ciel/ .../ avec toute la vie derrière eux ..." pour évoquer la fin tragique de ces hommes, il s'empare d'un fait, d'une réalité funeste pour en faire un réel transcendé et les mots du poète ont ici davantage de force dans leur simplicité même que le discours ostentatoire, le mysticisme de salon que déploya récemment notre nouvel empereur au-trop-hongrois (pas même bohème) pour saluer d'entre eux aux fins de satisfaire des convenances personnelles et le goût de sa cour umpiste. Le poète est celui qui, avec la gouge de tous les jours, taille dans la veine des mots, le sens des voix, les phrases qui font écho dans la mémoire collective mieux, la construisent.

C'est en ce sens que je puis te rejoindre sur le terme d'engagement qui serait ni plus ni moins une manière de s'avancer dans la vie pour tenter de la rendre plus belle ; plus lisible.




03 - Ce matin reçois de J.Chatard quelques éléments concernant le dossier que je compte lui consacrer. Beaucoup de boulot en perspective car je ne vois pas semble-t-il les choses tout à fait comme lui. Reçois aussi le numéro de N4928 où a été publié "Le chat d'Emerson" ce poème dédié à JM Couvé. Je commence à retravailler "Comme une image" j'en éprouve du plaisir, comme celui que l'on a parfois à la visite d'un lieu qu'on redécouvre, y dénichant des endroits inaperçu lors de la première venue, y découvrant aussi des fautes de style, de goût que sais-je encore. Et puis il y a le plaisir de se retrouver face à son travail pour tenter de l'affiner, dans gommer les aspérités. Faisant cela c'est face à soi que l'on se retrouve. Début d'après-midi ML emmène N à Caen où elle prend le train pour Rennes, je descends en ville avec J et H, quel plaisr que cette balade avec elle, de librairie en librairie pour quelques achats et ce, même si s'est pour m'apercevoir qu'elles grandissent. Au retour, "Comme une image" de nouveau, les personnages me reviennent je veux dire que je les sens mieux sous la plume, tels de vieux amis que je retrouverais et avec qui je reprendrait une conversation entamée d'il y a longtemps. Longue conversation téléphonique avec Jean-Albert dans la soirée.


05 - Israël continue son jeu de massacre sur mineurs à Gaza et les Palestiniens se drapent toujours quant à eux dans le vert, la couleur du désespoir auquel on les a acculé depuis 48. La situation semble un ad vitam eternam cinique ou plus un ad mortem eternam chacun rejettant la faute sur l'autre. Sur ce point du moins il ont une même politique. Hier aux info du soir notre transfuge des affaires étrangères se payait de mots une fois encore. Il est heureux que les paraboles des Gazaouis soient muettes et sourdes faute d'électricité, les promesses n'engageant que ceux qui les écoutent. Pendant ce temps, le petit nicolas gigote au Caire alors que le constat d'impuissance de la communaute internationale est de plus en plus évident. Les USA bloquent l'ONU et l' EEE est sous présidence tchèque qui a, à sa tête, un europhobe convaincu ( à qui je ne saurai donner entièrement tort) cela ne simplifie sans doute pas les choses quand on essaie de susurrer d'une seule voix sur ce qu'il est convenu d'appeler la scène internationale. Pendant que les enfants tombent dans la bande et tremblent à Sdérot. A craindre : Que la Jordanie soit déstabilisée à court terme aini que le Liban (tout juste convalescent) et le Magreb (Maroc, Tunisie...) de façon plus général.


Aujourd'hui J. commence son stage. Ce midi nous mangeons ensembles elle est un peu déçu. Je lui dis que cela ne fait que commencer qu'il faut qu'elle attende un peu pour se faire une opinion mais elle semble déjà être ancrée dans une impression négative... Le soir les choses vont déjà mieux. Ce soir fin de la publicité après 20h à la télévision en attendant l'augmentation prévisible (et substantielle) de la redevance nous auront peut-être quelques belles secondes parties de soirée (des émissions littéraires par exemple) . Envoi à Michel des quatre dessins pour le numéro Tixier; il a tout entre les mains.


07 - Gaza :Bombardement d'écoles gérée par l'ONU entendu sur France Culture un officier isralien nous expliquer sans rire "On a vu par le passé des miliciens du Hamas ... La France se démocratise le petit N. veut supprimer les juges d'instruction Rachida a déclaré il y a quelques temps : "je suis le chef des juges ... alors... Même désir même effet ? La coupe les gaz à l'Ukraine et ainsi à une grande partie de l'Europe (le pipe est ukrainien) Le Gaz comme arme politique vis à vis de l'Europe ; Poutine vers une (re)conquête d'influence, vers une refondation d'une URSS qui ne dirait plus son nom. La nostalgie serait-elle encore ce qu'elle était ? Catherine Baptiste me dit : "permettez-moi de vous remercier encore mille fois pour votre accueil en vos pages : mes textes ont été remarqués par Alain Helissen qui me propose de rejoindre sa collection Vents Contraires chez Voix Editions ! Je suis toute ravie et toute reconnaissante envers vous. Vous m'avez fait passé une belle fin d'année côté poésie. Merci". Il est bon et rassurant parfois de constater qu'une toute petite revue de poésie sans réel moyen et avec une audience limitée peut aider


08 - A la radio ce matin Israel discute avec l'Egypte de la possibilité de construire un mur à sa frontière pour couper les tunnels d'approvisionnement et aussi l'entrée d'armes à Gaza et sur les territoires si l'on peut comprendre le pourquoi on peut s'étonner de la méthode. Est-ce qu'édifier des murs autour d'un peuple est un acte digne d'une démocratie. Pour peu qu'on y ajoute des grilles aucheck-point et qu'on les ferment à heures fixes (en attendant qui sait pire) il y aurait là comme un air de déjà vu, cela s'appelait un ghetto à Varsovie. Le Hesbollah entre dans la danse je crains que la purge (de cheval) risque d'être plus nocive que prévue pour toute la région, plus loin peut-être


Courrier le manuscrit de "Conversation à voix rompues". Michel Baglin m'envoie la revue "Décharge" elle lui consacre un dossier. Olivier me confirme qu'il a tout reçu concernant les jours père le livre sortira en mai/juin. De toute façon pour le salon de Nancy. En février/Mars sortent un Bolàn et un Labedan. Michel pour sa part me confirme avoir reçu les dessins pour le Tixier. Le journal m'apprend la mort d'Hammou. Mise au point avec Bernard de la lecture-spectacle autour du "Cahier de retour au pays natal pour mai ou juin.


10 - Froid ! Contact avec Antoine Emaz en vu de la soirée de février. Jean-Max téléphone, suis allongé, souffrant noous parlons quelques minutes.


reçois le premier écho suite aux Tanka Noirs, une lettre de Jean l'Anselme ce qui me fait très plaisir, il me dit : Week-end de travail autour de la reprise du manuscrit et des corrections de l'échange avec Jean-Albert à ce propos appel de Béatrix qui prévoit une soirée autour du livre en avril 2010. Balade avec ML en début d'après-midi. Reprise du travail sur "Onze lignes" avec Jean-Michel. Dimanche début d'après-midi appel de JP Biatarana . Message courriel de la MPHN pour me demander d'intervenir dans des classes
14 - Jean Mambrino m'envoie un petit mot qui me touche beaucoup après la lecture des "Tanka Noirs". Reçois également le livre de Bernard Ascal paru chez Rhubarbe Alain Kewes y adjoint les épreuves de "L'intimité du café noir" que Décharges veut publier Achevé la première correction (version papier) des Conversations
15 - Ce matin sur France Culture, l'omniprésident demande aux syndicats de "changer de comportement" suite à Saint Lazare. C'est "inadmissible" disait le même sur France 2 hier soir. Deux propos qu'il pourrait sans doute s'appliquer à lui-même et à sa politique du moment . Politique dans laquelle la séparation des pouvoirs est bafouée de toutes les façons (fin du juges d'instruction - il seul qui soit indépendant - On demande maintenant au ministre de l'(in)justice de faire pression sur les cours lorsque le verdict rendu parait inepte ... Russie/Ukraine, l'Europe une nouvelle fois fait preuve de son inexistence politique tout comme à Gaza où, le French Doctor, l'avoue devant une assemblée nationale qui glose bien installé dans son hémicycle hémiplégique ... et sur nos deniers, ceux de la "France d'en bas"
20 - Investiture de Barack Obama ... à suivre. Lettre de Bernard Noël suite aux tanka il n'en dit de belles choses et cela me touche.
22 - Obama ferme Guantanamo et décrète la torture illégale pour renouer avec les valeurs fondamentales des démocraties le problème c'est que jamais on aurait dû les dénouer. Ce midi lettre de Claude Louis-Combet. Sarkozy demande à ce que soit signé l'accors nouveau sur les indemnisations des chômeurs alors que les syndicats s'y opposent, les intégristes catholiques de St Nicolas du chardonnay sont "réintégrés" dans le giron de l'église par un pape progressiste ; France fille ainée de... Ce n'est plus du Bonapartiste. Le pleins pouvoirs et le goupillon ça a des relents de francisque. Il suffirait juste qu'il s'autoproclame Maréchal de France. Dans l'absolu rien d'impossible pour lui.
26 - Soirée pleine de chaleur chez Georges et Françoise. ML redoutait un peu la rencontre comme à chaque fois qu'elle va chez quelqu'un pour la première fois son anxiété était palpable dans la voiture mais tout est très vite rentré dans l'ordre tant Françoise et elle sont sur des registres similaire quant à leur façon d'être : directe et simple avec ce respect de l'autre qui n'empêche pas d'argumenter et de résister lorsque cela s'avère nécessaire. Sollers fut convié clin d'oeil à notre dissention le concernant j'avais amené à G. "Les voyageurs du temps" préférant "L'éloignée" de P.Castex Menier pour F. Avons reparlé des rencontres G. me disant que si elles n'avaient pas existé, si nous ne nous étions pas rencontrés autour de ce projet avec AM et C il n'aurait sans doute pas "tenu 10 ans" cela me touche beaucoup venant de lui dont je sais la pudeur en amitié.
Nous voici fin janvier. On parle de recession sans en avouer vraiment la profondeur. argent enfouies dans des poches profondes appartenant à ceux là même à qui sous prétexte de relance on en redonne encore sous prétexte de sauver "le système" Je dis bien On car c'est notre pognon qu'on distribue celui que l'on refuse à ceux qui ne travaillent jamais assez, qui ne sont pas suffisamment productifs aux dires de ceux qui dilapident - Bonne nouvelle nous dit-on les banques françaises annoncent des bénéfices, on vient de leur donner 10 millards d'euros, y aurait pas comme un hiatus - Une grande marque automobile pratique le chômage technique à la chaine pendant que son staff est en croisière aux iles Grenadine y aurait pas comme un blème. Pendant ce temps ON s'organise tout les courants sont représentés; ils s'annihilent pour mieux préparer le grand parti unique, de masse, le parti populaire de demain ; voyez vous la démocratie est un truc formidable . Pendant ce temps j'écris, m'accroche à mon stylo, une manière peut-être de détourner les yeux. Fini la reprise de mon roman. A qui l'envoyer ? Pourquoi ? Quoiqu'il en soit il me semble achevé, "complet" et j'ai été heureux de cette réécriture, retrouver les personnes comme de vieux amis qu'on aurait perdu de vue. En parlant d'amis, signe en cette fin janvier de Bernard Noël, Frédéric J Temple et Claude Louis-Combet autour des Tanka, leurs lectures me réchauffent. M. Baglin me fait également une belle place sur son site c'est un bonheur pour moi tant cette rencontre avec Michel et Jackie m'a laissé la sensation rare de rencontre des membres de ma famille ... Nous avons me semble-t-il tant de choses sensibles et simples en commun entre autre des amis tel par exemple le photographe Jean pol stercq - J'ai le sentiment que plus mon cercle de famille s'élargit, plus il se concentre.
29 - Au téléphone, Jacques Josse qui me donne son accord pour une rencontre prochaine à Montivilliers. J'en suis très heureux tant il est discret comme tous les vrais écrivains après Antoine Emaz et avant Bernard Ascal autour de Césaire et la lecture autour de Grall tout cela présage du bon qui ne sera sans doute à en phase une fois encore avec l'idée de la "culture" (comme ils l'appellent) que se font les édiles enfin on verra bien. Repris pour la continuer la nouvelle "Angelo" petit clin d'oeil inattendu du barbier Bocanegra - Acheté "Max Jacob - lettre à un jeune homme" paru chez Bartillat, je savoure.
30 - J a seize ans aujourd'hui. N est partie pour Oloron Ste Marie.
31 - Mort de Madeleine le jour anniversaire de son Ange de mari, après 63 années de vie commune. Ma mère pleure sa soeur, nous parlons longuement plus que nous ne l'avons fait depuis des années ...



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