Je reprends ici une chronique de François Busnel qui salue Jean-Claude Pirotte: la mémoire et l'oubli
Brouillard: un petit livre merveilleux écrit par l'un de nos plus grands poètes, Jean-Claude Pirotte.
C'est un petit livre merveilleux que vient de publier l'un de nos plus grands poètes. Jean-Claude Pirotte
possède la grâce de ceux qui préfèrent le silence au caquetage, l'ombre
à la lumière, la méditation à l'exhibition. Chaque phrase est un
diamant, poli par un maître orfèvre qui cherche non à éblouir, mais à se
tenir au plus près de la vérité. Un lecteur hâtif songerait sans doute
que cette quête de vérité doit quelque chose à la maladie qui ronge
l'écrivain, ce cancer qui l'accompagne depuis des années, dont il ne
fait pas mystère, et le soustrait à la compagnie de ses amis. Pas
seulement. Pirotte est poète, disais-je. De ces poètes
qui se tiennent debout sur la cime, arpentant la vie entre ravin et
falaise, sur un chemin que leur propre exigence a rendu étroit mais qui
est peut-être celui sur lequel nous devrons tous accepter de nous
rendre, un jour, si nous voulons réduire la part de comédie qui nous
habite. C'est là, dans ce pays où les mots comptent plus que les idées,
que nous entraîne Jean-Claude Pirotte.
Le narrateur de Brouillard est-il le double de Pirotte? Comme lui, il est atteint d'une maladie à laquelle il oppose traits d'esprit et grandeur d'âme. Comme lui, il vit reclus dans des maisons dont il déménage souvent, trop souvent. Comme lui, il aime la littérature, de Chardonne à Dhôtel, sans oublier Mac Orlan. Comme lui, il a connu le deuil, les condamnations, la fuite, la solitude... Cet homme nous ouvre ses carnets, récit de ses premières années d'adulte dans un monde où chaque paysage -entre Meuse et Hollande- tient le rôle d'un personnage et d'un ami. Il y est question d'un exil, volontaire. D'un mariage, encombrant. D'une enfant, adulée mais dont on ne sait que faire. D'une rupture, inévitable. D'études, reprises avec ténacité pour devenir avocat quand on voudrait n'être qu'écrivain. De petites frappes et de coups foireux, qui conduisent tout droit en prison. De la famille, cette autre geôle, invisible mais aux barreaux si difficiles à limer... De la mort, enfin, qui rôde et prélève sa dîme.
Il y a dans ce livre une magnifique nostalgie. De celles qui ne font plus souffrir mais offrent au passé un sens qu'il semble n'avoir jamais eu du temps où il s'écrivait au quotidien. Derrière le brouillard, oui, la vie.
Le narrateur de Brouillard est-il le double de Pirotte? Comme lui, il est atteint d'une maladie à laquelle il oppose traits d'esprit et grandeur d'âme. Comme lui, il vit reclus dans des maisons dont il déménage souvent, trop souvent. Comme lui, il aime la littérature, de Chardonne à Dhôtel, sans oublier Mac Orlan. Comme lui, il a connu le deuil, les condamnations, la fuite, la solitude... Cet homme nous ouvre ses carnets, récit de ses premières années d'adulte dans un monde où chaque paysage -entre Meuse et Hollande- tient le rôle d'un personnage et d'un ami. Il y est question d'un exil, volontaire. D'un mariage, encombrant. D'une enfant, adulée mais dont on ne sait que faire. D'une rupture, inévitable. D'études, reprises avec ténacité pour devenir avocat quand on voudrait n'être qu'écrivain. De petites frappes et de coups foireux, qui conduisent tout droit en prison. De la famille, cette autre geôle, invisible mais aux barreaux si difficiles à limer... De la mort, enfin, qui rôde et prélève sa dîme.
Il y a dans ce livre une magnifique nostalgie. De celles qui ne font plus souffrir mais offrent au passé un sens qu'il semble n'avoir jamais eu du temps où il s'écrivait au quotidien. Derrière le brouillard, oui, la vie.
Brouillard, par Jean-Claude Pirotte. Le Cherche Midi, 144 p., 15 euros. En librairie le 5 septembre.
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